lundi 2 novembre 2009

Réincarnation de Chopin, ça reste à voir!


La réincarnation de Chopin, un artiste accompli, un multiinstrumentiste hors pair avec ses compositions et ses solos de guitares à la Pink Floyd... du moins, c’est ce qu’elle disait!

Avec tous ces atouts, comment ne pas être charmé par cet homme, comment ne pas être envoûté quand cette créature aux traits fins et au visage sombre entre dans une pièce ou monte sur une scène!

En ce vendredi du 17 avril 2009, j’étais excité, j’allais enfin rencontrer cet être aux mille et un talents sur la scène du Club Soda. À 10h30 précisément, les lumières rouges se dissipèrent pour laisser place à une brume bleuâtre. Des murmures incessants s’échappaient des quelques 300 personnes présentes. Les gens se turent finalement : il était là, enfin je crois, car il m’était difficile de distinguer, parmi les cinq membres du groupe, la créature en question. Aucune personnalité ne ressortait particulièrement. Mais où était donc ce Chopin, cet être merveilleux? La réponse me fut donnée au bout de quelques dizaines de minutes de distorsions interminables et de solos Pinkfloydiens qui n’en finissaient plus de ne pas finir, lorsqu’un des membres du groupe leva finalement la tête et adressa un ‘’merci’’ timide à la foule avant de baisser la tête de nouveau et de recommencer à se masturber intérieurement durant près d’une heure et demie. Il quitta finalement la scène, et juste quand je croyais le supplice terminé, il remonta sur les planches pour le prolonger quatre fois plutôt qu’une. Yann Tiersen!

- Quelques mois plus tard -

Ce que vous venez de lire est une critique écrite à peine quelques heures après la prestation de Tiersen. Je ne devrais probablement pas dire que c’est une critique, mais plutôt une première impression. Après avoir écouté une bonne partie de son œuvre plus attentivement, j’ai réalisé que quelques petites choses m’avaient échappé, lors de ma première exploration.

Tout ce que j’ai dit plus haut sur la prestation scénique de Tiersen reste identique. Quelqu’un d’absent - sur un trip d’acide ou tout autre substance illicite? -, qui n’a pas une once d’égard envers son public. Musicalement, c’est autre chose. C’est que je n’ai pas compris ou réalisé, sur le moment, que chaque chanson (ou presque) interprétée lors de ce spectacle était en fait une forme de ‘’remix’’ des chansons originales. Des instruments différents, un son extrêmement ‘’prog’’ dérivant parfois vers le ‘’métal’’, on est loin de la trame douce et entraînante d’Amélie Poulain. La seule chose qui nous permet de faire un rapport avec le Yann Tiersen d’avant est sa voix. Une voix effacée et timide témoignant d’un manque d’assurance évident. Maintenant, je ne peux pas dire que le nouveau son me plaise particulièrement, mais il m’est difficile de ne pas admettre qu’une telle capacité à se réinventer m’impressionne beaucoup. De plus, ce n’est pas comme s’il n’y avait aucune logique à ces changements, car quand on prend le temps de se laisser aller dans les compositions de Tiersen, on voit son évolution à partir de son premier album jusqu'à son dernier.

Bref, Yann Tiersen est un musicien hors pair, un compositeur très talentueux; rappelons-nous ‘’Bagatelle’’ et ‘’Monochrome’’. Mais pour apprécier ce spectacle, je vous conseille fortement d’écouter l’ensemble de son œuvre pour être en mesure de distinguer les chansons originales et de les apprécier.

dimanche 1 novembre 2009

Malajube - Labyrinthes


Il y a quelques mois, dix pour être exact, le groupe de rock indépendant de Montréal Malajube, qui s’est fait connaître en 2004 suite à la sortie de l’album Le compte complet, nous est arrivé avec une nouvelle création, Labyrinthes. Un album extrêmement bien ficelé, sans longueur aucune, qui vous donne l’impression d’entrer dans un monde inconnu, celui de Malajube.

Lors de ma première écoute, le 10 février 2009, j’ai bien sûr noté que le son avait changé. Un son plus ‘’prog’’, plus ‘’psychédélique’’, faisait son entrée peu à peu dans les chansons. De plus, j’ai remarqué la voix magnifique de Julien Mineau qui, perdue sous une succession de lignes musicales, devient par la force des choses un instrument de plus dans la formation. Malgré tout, je n’ai pas particulièrement apprécié le disque. Quelques mois plus tard, j’ai décidé d’aller me perdre de nouveau dans le labyrinthe et voilà ce que j’ai découvert.

Le rideau se lève sur une mélodie enfantine qui, très vite, finit par se perdre sous une pluie d’instruments. ‘’Ursuline’’, première chanson de l’album : une voix lyrique flotte sur la musique et un son ‘’prog’’, tout en restant ‘’pop’’, emplit l’atmosphère. Tout bascule lorsque ‘’Porté disparu’’, le hit de l’album, se fait entendre. Une ambiance plus sombre nous pousse de plus en plus à l’intérieur du labyrinthe, Je suis porté disparu, vous ne me reverrez plus. C’est alors que ‘’Luna’’ fait son entrée en scène. Une belle entrée d’ailleurs, mais sans plus. L’acte se poursuit avec ‘’Casablanca’’, une chanson magnifique, probablement une des plus belles de l’album, plus douce, plus calme, du moins comparée à celle qui suit :‘’333’’. Cette pièce difficile d’accès se révèle, après quelques écoutes attentives, l’une des meilleures pièces de l’album. C’est à ce moment que la réinvention sonore se fait vraiment entendre; et continue de se faire entendre sur la pièce suivante, ‘’Les collemboles’’. Suite à cette montée ‘’progressive’’, c’est le moment de l’entracte. On inspire, on expire, ’’’Hérésie’’, une pose brève mais nécessaire pour apprécier ce qui suit. La deuxième partie est tout aussi forte que la première, avec ’’Dragon de glace’’ et ‘’Le tout puissant’’, mais ce n’est rien comparé à la finale. Le rideau descend sur ‘’Cristobald’’, une chanson parfaitement bien choisie pour finir cet album : Je n'irai pas en enfer, j'ai toujours fait ma prière.

Bref, cet album est très réussi. Bien construit, aucune longueur... un petit bijou. Il est vrai qu’il est moins accessible que bien d’autres mais, après quelques écoutes, tout devient clair. Dix mois auparavant, j’étais perdu; dix mois plus tard, j’ai afin compris.
AMEN